CD - ADOMOUV - un mode de vie sain pour bien vieillir

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Actuellement, le monde est confronté à deux crises politiques et sanitaires majeures : une crise de la santé publique et une crise climatique. L'augmentation de l'incidence des maladies non transmissibles (MNT) dans le monde est alarmante et représente un fardeau pour des ressources sanitaires limitées, avec plus de 70 % des causes de décès précoces (WHO, 2017). Dans le monde, plus de 80 % (84,7 % des filles et 77,6 % des garçons) des jeunes pratiquent moins de 60 minutes d'activité physique (AP) modérée à intense par jour (Guthold, Stevens, Riley, Bull, & Health, 2020). Il est important de reconnaître que l'AP et la pratique sportive diminuent au cours de la transition de l'enfance à l'adolescence, avec un arrêt plus important chez les filles. En France, avant la pandémie de COVID-19, seuls 38 % des 11-14 ans et 24 % des 15-17 ans atteignaient les recommandations en termes de pratique d'AP (Aubert et al., 2018). La crise sanitaire du COVID, au travers des épisodes successifs de confinement, a entraîné une nouvelle diminution de la pratique de l'AP, une augmentation des déséquilibres alimentaires, une augmentation des comportements sédentaires et une perte de la qualité du sommeil (Pépin et al., 2020; Pietrobelli et al., 2020; Shah, Mohammad, Qureshi, Abbas, & Aleem, 2021; Xiang, Zhang, & Kuwahara, 2020). La diminution de la pratique d'activité physique et son corolaire l'augmentation de la sédentarité contribuent, avec les problèmes alimentaires à l'épidémie d'obésité. L'obésité étant l'une de ces maladies non transmissibles qui augmente considérablement la morbidité et le risque d'autres maladies (métaboliques, cardiovasculaires, musculosquelettiques, certains cancers...). Au cours des 40 dernières années, l'obésité chez les enfants et les adolescents a décuplé (Blüher, 2019). Dans le contexte social actuel qui exacerbe les problèmes de santé publique, en particulier chez les jeunes, l'urgence de trouver des solutions durables pour les accompagner dans leur changement d'habitudes de vie est indéniable. Un lien complexe entre activité physique, nutrition, sommeil et comportements sédentaires (les 4 piliers de ce projet) peut être mis en évidence. Il est bien connu et établi que l'activité physique a de nombreux effets bénéfiques sur la santé (WHO, 2020). Cependant, d'autres facteurs tels que la nutrition, le sommeil et les comportements sédentaires doivent être pris en compte dans les stratégies de promotion de la santé. Pour résumer ces interactions complexes, il est admis que l'activité physique peut avoir un impact sur la prise alimentaire en améliorant la régulation de l'appétit et/ou en réduisant la sensation de faim (Chen et al., 2022), tandis que la nutrition peut influencer la performance physique et la récupération musculaire (Gielen et al., 2021). En outre, une relation étroite a été identifiée entre l'activité physique et le sommeil (Craven et al., 2022). L'activité physique peut améliorer ou altérer le comportement et la qualité du sommeil (Vitale et al., 2017), tandis que le sommeil peut influencer les performances physiques (Craven et al., 2022). Il est évident que la relation entre le sommeil et la nutrition (régulation du glucose, régulation de l'appétit, horaire des repas, composition nutritionnelle) doit elle aussi être prise en compte (Godos et al., 2021). Notre dernier pilier, le comportement sédentaire (un état de conscience caractérisé par une dépense énergétique proche de celle au repos (Tremblay et al., 2017)) est reconnu comme ayant un impact direct et/ou indirect sur la santé. La littérature souligne que le mode de vie sédentaire entraîne une détérioration importante de la santé cardio-métabolique, une réduction de la qualité et de la durée du sommeil ainsi qu'une détérioration de la qualité de vie (WHO, 2020). Par ailleurs, le monde connaît une crise climatique dramatique pour la planète et pour la santé des populations, en particulier des jeunes (Timar, Gromada, Rees, & Carraro, 2022). Les activités humaines sont sans équivoque à l'origine du réchauffement climatique. En 2019, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) ont atteint de nouveaux records avec 59,1 gigatonnes d'équivalent dioxyde de carbone (Krinner et al., 2023). Il est intéressant de noter que, sur la base des données relatives aux émissions de GES et des statistiques démographiques et d'obésité, on estime que l'obésité contribue à hauteur de 1,6 % aux émissions mondiales de GES (Magkos et al., 2020). En outre, le phénomène de surconsommation dans les pays les plus riches entraîne une détérioration de l'environnement pour les enfants du monde entier (Timar et al., 2022). La relation entre les comportements en matière de santé et les émissions de GES est complexe et multidirectionnelle. Les changements climatiques ont réduit la sécurité alimentaire et hydrique et affecté la santé physique et mentale (Krinner et al., 2023). Des études indiquent un lien entre le changement climatique et la détérioration de la qualité du sommeil (Rifkin, Long, & Perry, 2018), de l'alimentation (Watts et al., 2019) et de l'activité physique (Bernard et al., 2021). De plus, il ne faut pas négliger le fait que, parfois, la pratique d'une activité physique ou la consommation d'aliments locaux peuvent augmenter le risque de développer des maladies en raison de la pollution ou de comportements polluants. Dans ce contexte, il est urgent d'adapter les comportements humains pour les rendre plus responsables et durables, tant pour la santé des populations que pour l'avenir de notre planète. De petits changements tels que le transport actif, une alimentation équilibrée (manger différemment) et la réduction du gaspillage alimentaire peuvent conduire à de grandes améliorations pour la planète et la santé humaine. Au-delà de la contribution gouvernementale, ce défi implique divers acteurs internationaux, nationaux, régionaux et locaux ainsi que la connaissance des leviers et freins pour changer durablement les habitudes de vie des citoyens. Malgré l'engagement de la recherche, des politiques et de la presse, de nombreuses publications et rapports montrent que les populations ne sont pas suffisamment actives, ont un sommeil de mauvaise qualité, une alimentation déséquilibrée et des comportements de plus en plus sédentaires. Le modèle proposé repose sur l'idée que le changement de comportement découle d'un certain nombre d'acteurs promouvant l'éducation et la sensibilisation du public. La santé et la nutrition doivent évoluer et peuvent être considérées comme la base de l'éducation au développement durable (ODD 2, 3, 4, 5, 8, 10, 11, 13). Les comportements appropriés pour faire les bons choix d'une vie plus saine ne sont pas innés et doivent être enseignés et appris. La littératie en santé prend tout son sens et permet aux individus de contrôler les déterminants de la santé et les comportements. Les établissements scolaires étant un environnement contrôlant les inégalités dans lequel les jeunes passent la majeure partie de leur temps, ils ont le potentiel d'influencer la santé et le bien-être des jeunes (WHO, 2021). Nous souhaitons, par ce projet, mettre en évidence le profil des jeunes en fonction de leurs modèles mentaux (leurs propres conceptions) des 4 piliers des habitudes de vie (nutrition, activité physique, sommeil et sédentarité), comprendre les obstacles qui empêchent les jeunes ayant des modèles mentaux statiques de modifier leurs choix, et piloter et tester une intervention durable de promotion de la santé dans les établissements scolaires. Les modèles mentaux peuvent être définis comme étant « un type particulier de représentation mentale (une représentation analogique) que l'individu génère au cours de son apprentissage cognitif et qui a la particularité de préserver la structure de la chose qu'elle est censée représenter » (Vosniadou, 1994). D'après les travaux de Vosniadou (1994), les modèles mentaux sont générés par les contraintes d'un cadre naïf (théorie naïve). Les cadres naïfs se construisent durant l'enfance en fonction des expériences. Ils consistent en un ensemble de présupposés ontologiques (les hypothèses des enfants) et épistémologiques (ce qui est vrai, ce qui est crédible). Les cadres spécifiques quant à eux se créés suite aux observations. Si les cadres naïfs et spécifiques des jeunes sont conformes aux modèles scientifiques, cela facilitera l'adoption de la représentation scientifique par le jeune. Au contraire, les cadres naïfs et spécifiques différents des modèles scientifiques agissent comme des barrières, empêchant ainsi le jeune d'accepter les représentations formelles ou scientifiques de la connaissance. Les modèles mentaux utilisés pour cette étude seront adaptés de Pasco et al. (2015). Pour synthétiser, les questions permettant de déterminer les modèles mentaux s'intéresseront aux théories naïves et spécifiques des jeunes sur nos 4 piliers.

spécialité

Sciences de la Vie et de la Santé - BioSE

laboratoire

DevAH - Développement, Adaptation et Handicap