Offre de thèse
CD Etude de l'effet Préventif de l'Aspirine et des Statines sur la carcinogénèse dans différents modèles murins de Carcinome HépatoCellulaire
Date limite de candidature
01-06-2025
Date de début de contrat
01-10-2025
Directeur de thèse
BRONOWICKI Jean-Pierre
Encadrement
L'expert doit se prononcer sur la solidité de l'encadrement du doctorant Le futur doctorant (Monsieur Charbel Youssef) est actuellement en stage M2 dans notre unité. Dans le cadre de son stage, il participe pleinement aux manips en cours sur les souris STZ-HF avec ou sans inhibition de TREM1. Nous avons pris en charge sa formation à la plateforme de cytométrie (6 heures de formation sur les cytomètres Celesta et symphonie ; Huguette Louis). Il vient de terminer les analyses sur les cellules mononucléées intra-tumorales isolée. Il participe actuellement aux études in vitro sur les cultures HepG2 soumises ou non à la présence d'acides gras libres, en présence ou non du peptide inhibiteur de TREM1. Il est encadré par 2 ingénieures de recherche (Basma Merouani et Justine Antoine). Il a parfaitement intégré et compris le futur projet de recherche qui a été rédigé à partir de la synthèse bibliographique qu'il a écrite. Au début de son doctorat il sera inscrit au Diplôme Universitaire en Expérimentation Animale niveau Concepteur. Sa formation sera prise en charge par l'unité. Il sera également formé par les 2 ingénieures aux techniques de western blot, RT PCR et d'immuno-histochimie. Il lui sera demandé de rédiger, avec l'aide de son tuteur, une mise au point sur les mécanismes de prévention de la carcinogénèse par l'aspirine et les statines. Le doctorant sera incité à présenter ses travaux dans différents congrès. Une réunion toutes les 2 semaines aura lieu avec le doctorant, les 2 ingénieures et le Pr Bronowicki et le Pr Oussalah pour discuter de l'avancée des travaux et anticiper les manips à suivre. Cela permettra de discuter des difficultés que pourrait rencontrer le doctorant.
Type de contrat
école doctorale
équipe
contexte
En 2022, le carcinome hépatocellulaire (CHC) était le troisième cancer le plus mortel et le sixième cancer le plus diagnostiqué dans le monde. Au niveau mondial, on estime à 866 000 le nombre de nouveaux cas et à 759 000 le nombre de décès.[1] Le développement du CHC est étroitement lié à la présence d'une maladie chronique du foie conduisant à une cirrhose. Les causes les plus fréquentes sont les hépatites chroniques virales B et C, la consommation excessive d'alcool et la stéato-hépatite liée au syndrome métabolique (MASH). La prévalence des différentes causes est variable à travers le monde. Dans les pays occidentaux, on assiste à une diminution des causes virales grâce à la disponibilité, depuis 2014, de traitements anti-viraux très efficaces. Parallèlement, on assiste à une augmentation de la proportion de CHC lié à la MASH du fait de l'augmentation de la prévalence de l'obésité et du diabète de type 2. L'alcool reste la première cause de CHC en France. Le traitement de l'hépatopathie chronique diminue le risque de CHC mais ne l'annule pas en raison de la cirrhose. Plusieurs études suggèrent que la consommation d'aspirine ou de statines est associée à une réduction du risque de CHC. Le rôle potentiel des statines et de l'aspirine en tant qu'agents de chimioprévention a été retrouvé pour plusieurs types de cancer, y compris le CHC. Des méta-analyses ont mis en évidence des associations cohérentes avec une réduction du risque de CHC chez les patients atteints d'une maladie hépatique chronique, tant pour les statines (RC 0,52, IC à 95 % 0,40-0,68) et l'aspirine (RC 0,46, IC à 95 % 0,31-0,67).[2, 3] Il est à noter que le bénéfice potentiel des statines semblait plus important avec les statines lipophiles telles que la simvastatine et l'atorvastatine, que pour les statines hydrophiles telles que la rosuvastatine et la pravastatine (OR 0,51, IC à 95 % 0,46-0,57 contre 0,77, IC à 95 % 0,58-1,02), avec des tendances similaires observées dans une population nationale population nationale portant sur des patients atteints d'hépatite virale en Suède.[3] Les mécanismes de la chimioprévention restent incertains. Les statines peuvent avoir des effets inhibiteurs sur l'angiogenèse, la croissance tumorale et l'apoptose, tandis que l'aspirine est connue pour ses effets anti-inflammatoires et antiplaquettaires.[2] Cependant, les données disponibles sont en grande partie observationnelles et donc sujettes à confusion ; par conséquent, il n'est pas certain que l'une de ces associations soit causale. De plus, du fait de leurs effets secondaires, ces médicaments ne sont actuellement pas recommandés pour la chimioprévention du CHC seuls, mais peuvent être envisagés chez les patients atteints d'une maladie hépatique chronique qui présentent également des indications pertinentes pour leur utilisation, telles qu'une maladie cardiovasculaire. Des essais prospectifs en cours devraient permettre de mieux comprendre le rôle potentiel de ces agents chez les patients atteints de cirrhose, y compris en matière de chimioprévention. Il existe très peu d'études ayant évaluer l'effet préventif de l'aspirine et des statines dans des modèles murins de CHC. Les principaux modèles utilisés étaient le modèle de xénogreffe dans des souris athymiques, le modèle streptozotocine + régime high fat et un modèle chimique (N-nitrosodiethylamine (DEN) + CCL4). Toutes ces études ont mis en évidence, à des degrés variables, un effet anti-tumoral. Aucune étude n'a testé l'effet combiné de l'aspirine et des statines sur la carcinogénèse. Sur le plan mécanistique, plusieurs similitudes ont été observées concernant l'effet de ces 2 molécules dans la carcinogénèse hépatique. En particulier, les deux traitements réduisaient la capacité du cancer à remodeler la matrice extracellulaire. L'aspirine semble inhiber l'expression de P4HA2, une enzyme essentielle à la synthèse du collagène [4], tandis que la pravastatine diminuait l'expression des métalloprotéases matricielles (MMP), qui sont responsables de la dégradation de la matrice extracellulaire et jouent un rôle clé dans le remodelage du microenvironnement tumoral (TME) et par suite l'invasion et la métastase.[5] En plus de leur impact sur le remodelage tumoral, ces traitements influencent aussi l'environnement inflammatoire et angiogénique du CHC. La rosuvastatine réduit les cytokines pro-inflammatoires et l'expression des facteurs de croissance tels que le VEGF, ce qui permet de prévenir le CHC et de limiter l'angiogenèse en cas de développement tumoral.[6] Cet effet serait dû à sa capacité à moduler les voies de PPAR-γ/HIF1-α et la glycolyse. De son côté, l'aspirine diminue l'expression des cytokines dans le foie, inhibe l'activation des plaquettes et leur accumulation hépatique, réduisant ainsi la libération des facteurs angiogéniques favorisant la progression du CHC.[7] Les effets complémentaires de l'aspirine et des statines dans le traitement du CHC reposent sur des mécanismes distincts mais convergents, favorisant l'inhibition de la prolifération tumorale et l'induction de l'apoptose. Dans l'étude de Li et al., l'aspirine a induit une augmentation de l'apoptose en activant la voie de signalisation JAK1/STAT1, ce qui a conduit à une augmentation de l'expression des facteurs pro-apoptotiques et à une réduction des facteurs anti-apoptotiques. [8] A l'inverse, dans l'étude de Moeini et al., l'aspirine a entrainé une inhibition d'un groupe de gènes qu'ils ont appelé ICF (pour immune-mediated cancer field), parmi lesquels figure la voie de signalisation STAT1. [9] Dans l'étude de Wang et al., la simvastatine a induit un arrêt de cycle en G0/G1, une augmentation de l'expression de p21 et p27, ainsi que l'inhibition de STAT3 et Skp2. [10] Ainsi, l'aspirine et les statines semblent agir de manière complémentaire en ciblant différentes voies de signalisation impliquées dans la prolifération et la survie des cellules tumorales. L'aspirine favorise l'apoptose par la voie JAK1/STAT1, tandis que la simvastatine bloque la progression du cycle cellulaire via AMPK et l'inhibition de STAT3, rendant les cellules cancéreuses plus vulnérables à l'élimination. Cette complémentarité suggère un potentiel intérêt thérapeutique pour l'association de ces deux traitements dans le CHC.spécialité
Sciences de la Vie et de la Santé - BioSElaboratoire
NGERE - Nutrition-Génétique et Exposition aux Risques Environnementaux
Mots clés
Carcinome hépatocellulaire, Aspirine, Statine, Prévention, Souris
Détail de l'offre
Le carcinome hépatocellulaire est un problème de santé publique à l'échelle mondiale. Plusieurs études cas-témoins suggèrent que la consommation d'aspirine ou de statines est associée à une réduction du risque de CHC chez les patients ayant une maladie chronique du foie. Il existe très peu d'études chez animal qui ont évalué l'effet préventif sur la carcinogénèse hépatique de l'aspirine, des statines ou de la combinaison des 2. L'objectif de notre étude est de confirmer cet effet préventif dans 3 modèles murins de CHC et d'étudier de façon exhaustive par RNAseq et protéomique les voies de signalisations impliqués dans cet effet. Une analyse pangénomique du méthylome sera également réalisée sur les différents tissus. Des analyses in vitro sur cellules HepG2 seront réalisées. En fonction des résultats, une étude interventionnelle chez l'homme pourrait être envisagée.
Keywords
Hepatocellular carcinoma, Aspirin, Statin, Prevention, Mice
Subject details
Hepatocellular carcinoma is a global public health problem. Several case-control studies suggest that the consumption of aspirin or statins is associated with a reduced risk of HCC in patients with chronic liver disease. There are very few animal studies that have evaluated the preventive effect on hepatic carcinogenesis of aspirin, statins or the combination of the two. The objective of our study is to confirm this preventive effect in three HCC mouse models and to conduct an exhaustive RNAseq and proteomics study of the signalling pathways involved in this effect. A genome-wide methylome analysis will also be carried out on the different tissues. In vitro analyses on HepG2 cells will be carried out. Depending on the results, an interventional study in humans could be considered.
Profil du candidat
Titulaire d'un M2 en sciences de la vie
Titulaire du Diplôme Universitaire en Expérimentation Animale niveau Concepteur.
Familier avec les techniques de cytométrie, western blot, RT, PCR, immuno-histochimie, manipulation des animaux de laboratoire
Candidate profile
Holder of a Master's Degree in Life Sciences
Holder of a University Diploma in Animal Experimentation at Designer Level
Familiar with cytometry, western blotting, RT, PCR, immunohistochemistry and laboratory animal handling techniques
Référence biblio
1. Filho, A.M., et al., The GLOBOCAN 2022 cancer estimates: Data sources, methods, and a snapshot of the cancer burden worldwide. Int J Cancer, 2025. 156(7): p. 1336-1346.
2. Singal, A.G., F. Kanwal, and J.M. Llovet, Global trends in hepatocellular carcinoma epidemiology: implications for screening, prevention and therapy. Nat Rev Clin Oncol, 2023. 20(12): p. 864-884.
3. Simon, T.G., et al., Lipophilic Statins and Risk for Hepatocellular Carcinoma and Death in Patients With Chronic Viral Hepatitis: Results From a Nationwide Swedish Population. Ann Intern Med, 2019. 171(5): p. 318-327.
4. Wang, T., et al., Aspirin targets P4HA2 through inhibiting NF-κB and LMCD1-AS1/let-7g to inhibit tumour growth and collagen deposition in hepatocellular carcinoma. EBioMedicine, 2019. 45: p. 168-180.
5. Taras, D., et al., Pravastatin reduces lung metastasis of rat hepatocellular carcinoma via a coordinated decrease of MMP expression and activity. J Hepatol, 2007. 46(1): p. 69-76.
6. Yokohama, K., et al., Rosuvastatin as a potential preventive drug for the development of hepatocellular carcinoma associated with non-alcoholic fatty liver disease in mice. Int J Mol Med, 2016. 38(5): p. 1499-1506.
7. Malehmir, M., et al., Platelet GPIbα is a mediator and potential interventional target for NASH and subsequent liver cancer. Nat Med, 2019. 25(4): p. 641-655.
8. Li, T., et al., Aspirin enhances IFN-alpha-induced growth inhibition and apoptosis of hepatocellular carcinoma via JAK1/STAT1 pathway. Cancer Gene Ther, 2013. 20(6): p. 366-74.
9. Moeini, A., et al., An Immune Gene Expression Signature Associated With Development of Human Hepatocellular Carcinoma Identifies Mice That Respond to Chemopreventive Agents. Gastroenterology, 2019. 157(5): p. 1383-1397 e11.
10. Wang, S.T., et al., Simvastatin-induced cell cycle arrest through inhibition of STAT3/SKP2 axis and activation of AMPK to promote p27 and p21 accumulation in hepatocellular carcinoma cells. Cell Death Dis, 2017. 8(2): p. e2626.
11. Fujii, M., et al., A murine model for non-alcoholic steatohepatitis showing evidence of association between diabetes and hepatocellular carcinoma. Med Mol Morphol, 2013. 46(3): p. 141-52.
12. Saito, T., et al., Pathophysiological analysis of the progression of hepatic lesions in STAM mice. Physiol Res, 2017. 66(5): p. 791-799.
13. Dow, M., et al., Integrative genomic analysis of mouse and human hepatocellular carcinoma. Proc Natl Acad Sci U S A, 2018. 115(42): p. E9879-E9888.
14. Ajith, A., et al., Targeting TREM1 augments antitumor T cell immunity by inhibiting myeloid-derived suppressor cells and restraining anti-PD-1 resistance. J Clin Invest, 2023. 133(21).