Offre de thèse
Régulation des plateformes et gouvernance des données : contribution à la réalisation de l'Etat-plateforme
Date limite de candidature
21-06-2024
Date de début de contrat
01-10-2024
Directeur de thèse
FARDET Christophe
Encadrement
La thèse s'inscrit pleinement dans une codirection. La formation du doctorant relève du régime général de l'école doctorale SJPEG et l'avancement des recherches fera l'objet d'un suivi institutionnalisé dans le cadre d'un CSI annuel.
Type de contrat
école doctorale
équipe
contexte
La Commission européenne, faisant le constat du volume croissant de données produites dans l'Union et, dans le même temps, d'un phénomène de concentration des données par certains acteurs du numérique entraînant l'indisponibilité de celles-ci en faveur des tiers, entend, grâce à différents textes adoptés ou en cours d'adoption, proposer une gouvernance renouvelée des données. Pièce maîtresse de la stratégie adoptée, le Data Governance Act (DGA) est porteur de l'ambition de construire, au sein de l'Union, un cadre juridique de partage des données, garant de confiance, afin d'encourager la circulation des données entre les entreprises, mais aussi entre les entreprises et les administrations publiques. Ce texte entend proposer un modèle alternatif aux GAFAM à travers une approche fondée sur des tiers de confiance, des intermédiaires de données neutres, qui sont au cœur du système de partage ou de mise en commun de données. Il entend dès lors favoriser les modalités d'exploitation et de partage des données, plus que ne le faisait la directive (UE) 2019/1024 du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2019 concernant les données ouvertes et la réutilisation des informations du secteur public. Surtout, le DGA s'insère au sein dans un ensemble plus vaste de textes visant à renouveler le cadre juridique relatif à la gouvernance des données (Data Act, Digital Services Act, Espace européen des données…). Si les plateformes disposent aujourd'hui d'un rôle de premier plan en la matière, le droit tente ainsi d'encadrer leur activité à travers des mécanismes visant à limiter les pratiques anticoncurrentiels et permettant surtout une circulation renouvelée des données.spécialité
Droit public (SJPEG)laboratoire
IRENEE - Institut de Recherches sur l'Evolution de la Nation Et de l'Etat
Mots clés
Droit public , Droit du numérique , Plateformes, Open Data , RGPD, Data Governance Act
Détail de l'offre
Les géants du numérique (GAFAM) ont pu conquérir, en quelques décennies seulement ou parfois même quelques années, des parts de marché confinant au monopole. Cette situation s'est accentuée avec l'apparition et la structuration des entreprises en plateformes, entendues comme des services d'hébergement qui, à la demande d'un destinataire, stockent et diffusent des informations.
Services de communication au public reposant sur le classement ou le référencement – de contenus, de biens ou de services – au moyen d'algorithmes informatiques, les plateformes captent aujourd'hui l'essentiel de la valeur.
Le rôle tenu par les données dans ce phénomène est central. Celles-ci permettent d'enrichir de manière continue l'offre de services des opérateurs, entraînant également un effet de réseau : la valeur et l'utilité des services proposés augmentent avec le nombre d'utilisateurs.
Surtout, cette structuration en plateformes des grandes entreprises du numérique a entraîné un phénomène de captation et d'appropriation quasi-exclusive des données au profit d'un nombre restreint d'entreprises.
Ce phénomène de concentration des données entre les mains d'acteurs privés peut notamment être observé dans le domaine de la santé. Le développement d'un marché entier dédié aux objets connectés en santé a permis, à côté des bases de données de santé traditionnelles (en France, le SNIIRAM et PMSI), l'apparition de bases de données de santé privées, alimentées par des objets connectés et autres applications.
Pour répondre à ces défis, l'Union européenne a entendu mettre en œuvre une stratégie d'encadrement des plateformes. Celle-ci s'est notamment traduite par l'adoption du Digital Market Act (DMA), texte visant à instaurer une régulation a priori de l'activité des plateformes pour éviter les situations d'abus de position dominante. Identifiées sur la base de critères objectifs, ces dernières sont soumises à des règles préalablement définies, « sans besoin pour la Commission de démontrer une position dominante, un abus, ou de définir un marché ».
Cette émergence d'un droit de la concurrence spécifique aux plateformes s'intègre aujourd'hui au sein d'un ensemble de normes plus large visant à favoriser la circulation des données.
De plus, parallèlement à l'activité commerciale menée par ces plateformes, les nouvelles technologies permettent également à l'Etat d'amorcer certaines transformations. En effet, celui-ci ne se contente plus simplement d'adopter une posture passive ou défensive face aux plateformes.
L'Etat va en effet mettre en place des dispositifs d'interface et d'intermédiation destinés à faciliter les échanges entre administrations et avec les usagers, ainsi qu'à améliorer la productions des services, c'est-à-dire se présenter lui-même comme une plateforme.
De nouveaux modes de production, de collaboration et de gouvernance sur les données vont être favorisés par la puissance publique. L'Etat va ainsi inciter les acteurs économiques au partage et à la mutualisation des données, et il va même, dans certains cas, en imposer l'ouverture. Ce processus conduit dès lors l'Etat à envisager de nouvelles formes d'action publique, directement inspirées par le fonctionnement des plateformes numériques.
Keywords
Public Law, Digital Law , Platforms, Open Data , GDPR, Data Governance Act
Subject details
In just a few decades, digital giants (GAFAM) have been able to conquer market shares bordering on monopoly. This situation has been accentuated by the emergence and structuring of companies as platforms, understood as hosting services which, at the request of a recipient, store and distribute information. As public communication services based on the ranking or referencing - of content, goods or services - by means of computer algorithms, platforms today capture the bulk of value. Data plays a central role in this phenomenon. Data continually enriches the services offered by operators and has a network effect: the number of users increases the value and usefulness of the services. Above all, the structuring of major digital companies into platforms has led to the almost exclusive capture and appropriation of data by a small number of companies. This phenomenon of data concentration in the hands of private corporations can be observed in the healthcare sector. The development of an entire market dedicated to connected health objects has led to the emergence, alongside traditional health databases (in France, the SNIIRAM and PMSI), of private health databases fed by connected objects and other applications. In response to these challenges, the European Union has implemented a strategy to regulate platforms. This has resulted in the adoption of the Digital Market Act (DMA), a text designed to introduce a priori regulation of platform activity to avoid situations of abuse of a dominant position. Identified based on objective criteria, platforms are subject to pre-defined rules, 'without the need for the Commission to demonstrate a dominant position or abuse, or to define a market'. This emergence of platform-specific competition law is now part of a broader set of standards designed to promote the circulation of data. Furthermore, new technologies are also enabling the State to initiate certain transformations. The State no longer adopts a passive or defensive stance towards platforms. The State set up interface and intermediation systems designed to facilitate exchanges between administrations and with users, as well as to improve the production of services. In other words, it presents itself as a platform. New modes of data production, collaboration and governance will be promoted by public authorities. The State will encourage or even force economic entities to share their data. This process is leading the State to envisage new forms of public action, directly inspired by the way digital platforms operate.
Profil du candidat
Le doctorant recruté sera titulaire d'un master en droit public et/ou en droit du numérique. Une connaissance des enjeux relatifs à la protection des données et à l'ouverture des données publiques est attendue.
Candidate profile
The doctoral student recruited will hold a master's degree in public law and/or digital law. Knowledge of issues relating to data protection and open data is expected.
Référence biblio
Autorité de la Concurrence, Rapport d'activité pour l'année 2021, p. 22.
Anne-Sophie Hulin, Céline Castets-Renard, « Quels cadres de gouvernance pour le marché européen des données ? », D., 2021, p. 848.
Brunessen Bertrand, « La confiance numérique », RTD eur., 2021, p. 153.
Brunessen Bertrand, « La gouvernance des données dans la régulation européenne de l'intelligence artificielle », RTD eur., 2022, p. 315.
Jacques Chevallier, « Etat plateforme et Covid-19 », in X. Delpech (dir), L'émergence d'un droit des plateformes, Dalloz, 2021, p. 163.
Thibault Douville, Emmanuel Netter, « Présentation critique du Data governance act », RTD com, 2022, p. 561.