RESIST-MOSEL (Resistance des Mosellanes en Guerre) Mosellanes en résistance. Les résistances féminines en territoire annexé (1939-1945)

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Le sujet invite à identifier le plus grand nombre de ces femmes entrées en résistance, en Moselle particulièrement, mais aussi sur l'ensemble du territoire, les populations ayant été déplacées ou expulsées à partir de 1939. L'étude régionale complétée par celle de la diaspora mosellane en France de l'intérieur permettra de dresser une cartographie précise des territoires où les Mosellanes ont été engagées. La reconstitution des parcours individuels permettra de révéler les spécificités de la résistance en territoire annexé. Cette approche par le genre apportera un éclairage nouveau à la définition de la résistance dont la dimension militaire reste importante. Elle permettra d'inscrire les résistantes dans des réseaux de sociabilité et dans des organisations, de dresser une typologie de leurs actions. S'il est admis que certaines femmes ont eu des fonctions d'appui et de logistique, qui entrent dans le champ de la résistance civile, d'autres (minoritaires) ont fait le choix de la résistance armée. Le territoire envisagé est lui aussi particulier. Intégrée au IIIe Reich dès 1939, la Moselle est soumise au système nazi où se développe une répression sévère. Les évolutions du système répressif créent une chronologie particulière dans l'organisation et l'action des groupes résistants. La résistance féminine en Moselle emprunte des modalités d'actions pratiquées au sein des territoires de l'alt-Reich, dont la grille d'analyse peut être pour partie appliquée aux territoires annexés. La déportation constitue l'acmé de ce système répressif. La résistance des Mosellanes dans les lieux d'enfermement devra être prise en considération, d'autant que cette forme de résistance reste un champ peu exploré. Des modalités d'actions résistantes au sein des lieux d'enfermement (camps et prisons) peuvent ainsi être dégagées. Se pose également la question de la continuité des actions résistantes en déportation puisque l'expérience concentrationnaire développe des formes de résistance s'appuyant sur des expériences passées. Cette étude historique permettra enfin de questionner la mémoire des actions résistantes des Mosellanes en envisageant une histoire des mentalités expliquant les raisons de leur anonymat, les représentations ayant accompagné leur reconnaissance (ou non-reconnaissance) après-guerre et les biais induits par ces représentations. Étudier les Mosellanes en résistance suppose de débuter par une approche statistique. Aucun chiffre n'existe actuellement, lacune que cette étude se proposera de combler. Des estimations sont réalisables en s'appuyant sur les listes réalisées après-guerre en vue de la reconnaissance institutionnelle et les archives de certaines organisations résistantes. Les archives de l'Office National des Anciens Combattants (ONAC), conservées aux archives départementales de la Moselle et au Service Historique de la Défense de Caen, les archives militaires conservées au Service Historique de la Défense de Vincennes (SHD), permettront de dresser une première estimation. Une attention critique devra être portée à ces sources, pour certaines rédigées après-guerre, porteuses d'erreurs et d'oublis. C'est pourquoi leur analyse devra être complétée par celle des archives produites par les Allemands, particulièrement les archives de la police allemande, les registres d'écrous et verdicts des tribunaux, conservés aux archives départementales de la Moselle, ainsi qu'aux dossiers des déportés, conservés au fort de Queuleu (Moselle), qui permettront d'identifier des femmes, mais surtout de s'arrêter sur les motifs de leurs arrestations et condamnations : les Mosellanes ont-elles été arrêtées pour fait de résistance ? Ont-elles été reconnues par les Allemands comme des membres actifs de la résistance ? Enfin, des archives allemandes concernant spécifiquement les territoires annexés, disponibles aux Archives Nationales (série AJ), pourront être exploitées. Ces sources croisées permettront de dresser un profil sociologique des Mosellanes entrées en résistance sans se limiter à l'étude des femmes ayant obtenu une reconnaissance officielle après-guerre. L'approche statistique entraînera aussi l'utilisation de la méthode prosopographique sur un échantillon vaste et la reconstitution de parcours collectifs permettant d'envisager les effets structurels de la résistance féminine. Dans cette perspective, l'utilisation d'outils numériques et le développement de bases de données se justifiera. Ce travail visera à alimenter la base de données Mémoire Grand-Est développée par la Région Grand-Est, s'intéressant aux morts et disparus de la Seconde Guerre mondiale. De l'historicisation des résistances féminines mosellanes doit résulter l'établissement d'une cartographie précise du département et des territoires de France de l'intérieur où les Mosellanes se sont engagées et de déterminer les modalités de leur engagement, les liens maintenus avec le territoire d'origine, leur implication dans des réseaux et mouvements d'envergure parfois. Cela permettra de combler un vide historiographique. La monographie régionale résultant de cette étude devra, dans la lignée du colloque organisée par la Fédération Entente franco-allemande sur « Les Résistances des Alsaciens-Mosellans durant la Seconde Guerre mondiale », reconnaître la spécificité d'un territoire annexé et particulièrement celui des femmes qui ne sont pas restées passives face à l'annexion. La base de données numériques, rendue accessible au public, permettra de développer des recherches futures et d'approfondir la connaissance de ces actions et la transmission de cette mémoire. Ce projet de thèse fondamentalement historique devra s'inscrire dans une dimension pluridisciplinaire. Les apports de la sociologie seront nécessaires pour mener à bien une étude prosopographique de qualité, qui devra être enrichie des apports de l'anthropologie historique pour comprendre les mécanismes de l'engagement. Les humanités numériques devront être mobilisées dans ce travail, afin de permettre un traitement efficace de l'information ainsi que leur mise à disposition au profit de la Région Grand-Est et du public, et de répondre ainsi à la demande sociale de mémoire et de transmission.

spécialité

Histoire

laboratoire

CRULH - Centre Régional Universitaire Lorrain d'Histoire